Depuis un mois, il est de notoriété publique que les conditions de montagne dans le massif du mont blanc sont, je cite, « monstre bonnes !!! ». C’est bien simple, depuis un mois, il y a plus de monde dans la face nord des Grandes Jorasses (15 sorties rentrées en 1 mois sur camptocamp, new world record !!!) que dans la voie normale de l’aiguille du tour. Où va le monde ?

Face Nord des Grandes Jorasses et dent du Géant
Mercredi, dans l’optique d’un aller-retour à l’aiguille du midi et d’une nuit au refuge des cosmiques en demi-pension, nous allons gentiment clôturer notre compte en banque avant de préparer nos sacs. Jeudi matin, 10h, nous montons dans la benne de l’aiguille du midi à 1100 m d’altitude. 10h30, nous voilà propulsé à 3800 m, ça économise les cuisses mais pas vraiment le souffle !

Let’s go to Chamonique
C’est une première pour Anne qui découvre la démesure de la structure, on est en plein surréalisme là-haut !
Comme d’hab, on s’équipe sous le regard des touristes, on passe un semblant de portillon, et bim, nous voilà sur une arête neigeuse ne laissant pas vraiment le droit au pas de côté, ou comment quitter le monde sécurisé pour celui de la haute montagne en deux mètres.

Aiguille du midi… La démesure dans toute sa splendeur!
Grand soleil, pas de vent, quasi personne, monter la haut au mois d’octobre, c’est un peu différent du 15 août. On va aller se faire l’arête des cosmiques au calme et dans des conditions estivales ce qui représente un fait hautement improbable.
L’arête est, comme expliqué plus haut, en condition « monstre bonne ». Une cordée charmante de 3 personnes dont un guide derrière nous, 2-3 cordées un peu devant, on est au calme et on chemine le nez au vent sur ce granite de rêve. Anne se fait la main, ou plutôt les pieds, à la grimpe avec crampons et passe avec une désinvolture déconcertante le fameux pas en dalle, passage très critique d’après bison futé en raison des fréquents bouchons qui s’y forment durant les weekend de beau temps de l’été.

Arête des cosmiques
La particularité de l’arête des cosmiques est qu’elle se termine au niveau de l’aiguille du midi qu’on regagne par une échelle. Conséquence de cela, en terminant l’arête, on se sent un peu dans la peau d’un finisher de l’UTMB, la musique de Vangelis en moins…

Finisher de l’arête des Cosmiques
Le temps de manger un bout et d’essuyer le pet retentissant d’une japonaise assise là en toute décontraction et nous voilà en train de redescendre de l’aiguille du midi pour la deuxième fois de la journée. Cette fois, direction le refuge des cosmiques pour aller dignement s’échouer dans un dortoir pour une bonne grosse sieste !
18h30, nous nous installons pour le repas à côté d’un guide et son client et d’un américain vêtu de Patagonia vraisemblablement jusqu’au slip ! Et là, une scène magique se produit. Après avoir dégusté une bonne soupe on nous apporte un superbe plat constitué de 5 diots, 5 parts de farçon (je vous laisse regarder ce que c’est) et de 5 belles tomates au four. Anne s’apprête à se servir et là :
– Excusez-moi madame mais je crois que ce plat est spécialement pour nous. C’est un plat pour fêter la fin de saison et il est réservé aux guides… Le guide interpelle alors la nana du refuge et lui demande : « ce plat est bien le plat spécial… ? »
– Oui, oui !
Bon… Ben on va attendre le plat « pas spéciale » pour les « pas guide »… Nous regardons, proche de l’inanition, le guide et son client se bâfrer et il faut bien le dire, se forcer à engloutir les 5 diots et les accompagnements… Et nous, nos plats n’arrivent toujours pas. Je pense que vous commencez à comprendre. Et oui, 5 diots, 5 parts de farçon, 5 belles tomates au four et 5 personnes à table… Les 2 goujats ont bouffé sous notre nez, le repas de 5 personnes. Putain, je boue ! Heureusement les nanas du refuge sont sympa et nous repréparent le même plat. Notons, qu’on a jamais aussi bien mangé en refuge, les diots étaient délicieux et le farçon une découverte admirable !
Au programme du lendemain, la voie Contamine-Grisolle dans le triangle du Tacul. Une voie parfaite pour faire découvrir à Anne les joies du piolet traction et des douleurs dans les mollets ! Approche ultra courte, voie assez rapide, résultat, réveil à 7h00 ! Un luxe jamais rencontré auparavant en refuge ! C’est vrai que payer 65€ la nuitée pour se réveiller à 01h00 du mat, c’est tout de suite moins rentable.

Notre voie, c’est la jaune !
8h00, nous attaquons la Contamine-Grisolle. 4h30 plus tard, nous voici en haut du triangle. Certes l’horaire n’est pas exceptionnel, mais en tirant des longueurs tout du long, ça reste acceptable. Quand on voit comment certains progressent en corde tendu avec un second qui se met des taquets à la moindre difficulté, on se dit : A quoi bon ? (désolé pour ce paragraphe technique qu’assurément mes grand-mères ne comprendront pas…)

Anne dans le passage du verrou

Fin des hostilités
On ne pousse pas jusqu’au sommet du Tacul, et oui, la dernière benne pour nous ramener à Chamonix est à 16h30 et on n’a pas gras de marge ! La remonté à l’aiguille du midi est, comme à l’accoutumé, un vrai chemin de croix qui achève les plus braves !
Et voilà, une saison qui se termine en beauté, on ne pouvait rêver mieux. Les conditions étaient effectivement au top, la météo était estivale, et le massif baigne dans le calme et la sérénité !
Allez, vivement la neige maintenant !!!
Toutes les photos de ce weekend sont dans le portfolio « sport », rubrique « montagne » : ICI

Remontée à l’aiguille !!!
Putain, le scandale du diots-gate des cosmiques !!!
Encore une maj de haute tenue
Bonjour Anne & Benjamin, mille merci pour ce très joli descriptif de vos deux jolies escalades. Les photos sont très belles et les paysages somptueux. J’ai regardé et j’ai lu avec grand plaisir.
Je vous embrasse tous les deux
Yves