Jour 1
8h30, je prends la route tout seul, sans Anne qui vient de reprendre le travail. Un nouveau travail ! Je descends l’interminable cours Jean Jaures, le même que nous avions emprunté en Février 2013, sous la neige, en partance pour Singapour. Aujourd’hui, l’objectif est plus modeste. Je pars en Corse, à Bonifacio, retrouver un pote qui vit là-bas. Tout seul sur le vélo, forcément, je pédale fort et ne prends pas beaucoup de pauses. Je remonte cette horrible vallée de la romanche ponctuée de ces charmantes bourgades dignes des meilleurs décors de film d’horreur (mention spéciale pour Livet !!!)… C’est tellement moche que même le soleil ne vient plus, résultat, je roule dans un véritable frigo et commence à me demander si je n’ai pas vu un peu juste point de vue vestimentaire. A rochetaillé, la vallée bifurque et prend enfin le soleil. Je récupère 10°C et file à bon train sur Bourg d’Oisans. De là, petite pose calorique à base de frites et de sots de mayonnaise et j’attaque la montée sur la Grave. Cette route n’est pas la plus belle qui soit, souvent à l’ombre, assez austère en cette saison et avec peu de vue. J’arrive à la Grave vers 14h pour constater le décès de la célèbre station. Pas âme qui vive, de quoi se foutre en l’air sous le regard de la Meije qui, à cette période, ne doit pas être emmerdée par les alpinistes ! J’ai encore du temps, je décide de passer le Lautaret. Au sortir de la Grave, la route devient belle, la vallée s’ouvre, les pâturages se dévoilent. La route devient belle mais moi, j’ai de plus en plus la gueule ouverte et les yeux dans le vague. Je commence à être complétement rétamé. Je me rapproche dangereusement du fatidique duo gagnant : « petit plateau-grand pignon ». Finalement, vers 16h, après 7h le cul sur la selle, je franchis le col et descend à peine un kilomètre pour venir faire halte au refuge du Lautaret. Bilan de la première journée à pédaler tout seul : Pas de surprise, je roule comme un autiste et m’arrête à peine pour pisser…
Jour 2
Je prends mon temps, je ne veux pas descendre le Lautaret sous une grosse caillante. Finalement vers 9h, je commence gentiment à me faire glisser sur Briançon. 10h, je bois un petit café et me dirige vers le pied de l’Izoard. J’aurais très bien pu passer par la vallée pour rejoindre Guillestre, mais soyons clair, s’eût été faire preuve d’un manque cruel d’esthétisme vélocipédique que de snober un col tel que l’Izoard. J’attaque donc la bête, tranquillement. La première partie jusqu’à Cervière est relativement roulante avec une superbe vue sur la Barre des Ecrins. Quasi personne sur la route, pas de vent, des températures délicieusement douces, la vache, j’ai vraiment de la chance. A Cervière, on change de registre, l’inclinaison de la route s’exite un peu et on vient parfois taquiner les 10%. J’ai souvent pu constater qu’avec un vélo chargé, au-delà de 6 %, on n’est plus en balade, il faut vraiment forcer ! Les 10 derniers kilomètres sont classiques des grands cols : Route en lacet assaisonnée de virages serrés et d’une forte pente ! Enfin, à 2 kilomètres du sommet, on sort de la forêt pour découvrir un décor assez aride et rocailleux. J’arrive au col relativement pas frais… J’ai la dalle !!! Je défonce la moitié de mon morceau de fromage et m’envoie une bonne razade de paté avant d’envisager une descente sur le prochain massif. Le versant Sud de l’Izoard est, je trouve, encore plus joli. Je fais une petite halte à la mythique « Casse déserte » avant de me laisser tomber vers les combes du Queyras et les gorges de Guillestre !
Jour 3
Après une nuit au Glacier bleu, une adresse tout à fait recommandable du village vauban de Mont Dauphin, j’attaque de bon matin les premières pentes du col de Vars. Les premiers kilomètres réveillent bien et on s’élève avec en toile de fond une vue complète du glacier blanc. Je ne l’avais jamais vu sous cet angle. La montée du col de Vars n’est pas la plus fantastique qui soit, la faute principalement à l’enchaînement de stations de ski en approchant du col. Ce bétonnage à coup de boîtes de nuits, snacks, bars et autres immeubles de location rendent l’endroit particulièrement glauque à cette saison. Décidemment, ces stations de ski, parcs d’attractions des montagnes ne me font plus réver. Bon, ne faisons pas la fine bouche, le sommet est vraiment chouette et la descente vers l’Ubaye encore plus. Depuis que j’ai basculé du col de l’Izoard, il y a un truc marquant, quelque chose de présent en permanence, c’est la couleur des mélèzes variant du jaune doré au rouge en passant par le vert. C’est vraiment beau. Arrivé dans la vallée de l’Ubaye, je fonce sur Barcelonnette, casse la graine rapidement sur la place au soleil et file vers le col de la Cayolle. Alors là, je dois dire qu’en termes d’esthétisme, c’est du très haut niveau. La route commence par remonter des gorges étroites sur une route toute aussi étroite puis se laisse enfin atteindre par le soleil. On croise des villages d’un autre temps, bien perchés et bien loin de la première FNAC ou du premier Mc Do… Ben croyez-moi si vous voulez, les gens ont quand même l’air heureux malgré leur isolement et malgré la crise, tout ça tout ça. Je passe la nuit à Bayasse, le dernier village avant le col. Ici, les gamins vont à l’école à Barcelonnette, ils sont 6 dans tout le village. 30 minutes de route pour descendre et idem pour remonter et autant vous le dire, la trajectoire n’est pas rectiligne et les erreurs ne pardonnent pas.
Jour 4
Je commence la journée en achevant la montée au col de la Cayolle. Décidemment, ce col est le plus beau que j’ai gravi depuis mon départ de Grenoble. Une route étroite, un décor sauvage et naturel, peu de monde, des mélèzes en feu, du très haut niveau en terme de beauté. Si ce col est parfait pour le voyageur, il l’est un peu moins pour le cycliste sur un cadre carbone à 3000 €. La pente est relativement faible et l’asphalte n’est pas de première jeunesse. La descente vers le haut Verdon est interminable, pas loin de 50 Km entrecoupés de 2 petites bosses. Durant la descente, je découvre les gorges de Daluis qui longent le Var, encore un décor remarquable. Vraiment, les routes sur lesquelles je roule n’ont rien à envier à certaine routes majeures de Chine ou d’Asie Centrale. Un dernier col me sépare de Castellane et finalement de la mer. Le col de Toutes Aures. Je ne l’avais pas repéré sur la carte et cette dernière difficulté achève bien la journée. Me voilà dans le Verdon, à Castellane, capitale du motard en vacance. Il doit y avoir au bas mot 50 motos de garées sur la place centrale. Elles reviennent sans doute toutes des gorges. Au resto, toutes les conversations tournent autour de la moto.
Morceaux choisis :
-« Putain, c’était chaud mon dépassement de la Peugeot juste avant le virage »
– «Tu peux t’améliorer dans les virages, il faut que tu prennes plus l’extérieur pour ensuite faire l’intérieur tout en accélérant »
– « Tu sais, là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir, faut que tu te fasses plaisir sur la route avec ta moto »
Cette dernière citation remporte sans aucun doute la palme de la connerie ! Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup de mal avec tous ces motards qui prennent la route pour un circuit et qui en plus vont faire mumuse sur des routes magnifiques dont, on ne me fera pas croire le contraire, ils n’ont finalement pas grand-chose à foutre hormis le fait qu’elles sont pleines de virages.
Jour 5
Ca va être laconique. La météo annonce pourri. Je décide de taper au plus court. Je traverse le Var dans la journée et arrive à Toulon pour 16h. 140 bornes et 1200 m de dénivelé. Mon ticket de bateau en poche, j’embarque pour Ajaccio à 21h. A 12h le lendemain, je bois une bière avec mon pote Matthieu à Bonifacio, ville morte en cette saison.
En chiffres : 5 jours – 480 Km – 8500 m de dénivelé
Cette traversée des Alpes m’a donné de belles idées de challenges en vélo de route cette fois. Je pense qu’un « Albertville-Nice » par tous les gros cols est jouable en 2 jours… Affaire à suivre au début de l’été.
Salut Benjamin et bien le bonjour à Anne,
On boit du p’tit lait à te lire et à imaginer les bouffées d’ivresse que tu prends à monter et descendre les cols des Alpes.
Bravo aussi pour la qualité de ton blog.
J’en suis fatiguée, rien qu’à lire tous les cols que tu as passés !! Bises, mk
T’es un dingue ! Les cuissots ont dû sacrément chauffer dans ces cols. Bravo. Well done !
superbe solo ! ça change des grandes jo en 3h
Belle époque pour le faire.
… Pour la trav en deux jours, j’en propose un troisième et un départ de Thonon. Je propose aussi de pas prendre la Cayolle ou de racheter un vélo plus cher
Une trav’ en 3 jours au départ de Thonon, c’est un sacré challenge, un peu le point d’orgue de la pédale 73 quoi ! Il faudra faire ça quand les journées sont longues…
OMG *O*Ate que fim seja moda ou não pelo menos o Brasil vai ter show k-pop sendo assim as grvdaaoras vão ver o quando o brasil vai quere eles aqui ^^vou con certeza compra sorte minha que minha mãe é amiga de banca de revistas num shopping ela falou com ela pra serva ra mim que chique neh nhaa *_*
Je me demande pourquoi on se fait chier a partir a l’autre bout du monde, quand on voit ce qu’il y a à coté de chez nous….
En tout cas tu es très photogénique je trouve…
Bonjour, bravo pour cette virée. 480km en 5 jours avec le dénivelé c’est chouette.
Les photos sont sympas et relatent bien l’ambiance d’automne.
Bonne continuation et au plaisir.
And I thought I was the sensible one. Thanks for setting me strtigha.